Il avait beaucoup de choses à dire. Fabien Galthié s’est exprimé pour la première fois depuis les tests-matches de l’été en Argentine, marqués par la mise en examen d’Hugo Auradou et d’Oscar Jegou pour viol aggravé à l’issue d’une soirée à Mendoza . Le sélectionneur du XV de France est revenu sur ce qu’il avait vécu comme un cataclysme dans un entretien publié vendredi par L’Equipe. Il a appelé à une profonde « remise en question » au sein du XV de France, et a mis en place une charte pour encadrer la vie des joueurs en dehors du terrain.
Jusqu’ici, le staff tricolore laissait beaucoup de liberté aux joueurs en dehors des matchs pendant les rassemblements. “Ça a plutôt bien fonctionné pendant cinq ans, at-il augmenté. Mais avec le temps, cette mécanique qui fonctionnait sur la co-construction, et aussi sur l’expérience et la confiance, a dérapé doucement pour arriver à ce qui s’ est produit à Mendoza. C’était une équipe très jeune, avec peu d’expérience internationale, une sélection faite au dernier moment, avec une moins bonne connaissance des joueurs et une moins bonne préparation de ce cadre de vie. ces accidents, ces faits divers. Les faits sont là, il n’y a rien à dire, ils sont inacceptables.
“Ne pas être emporté par le groupe”
Galthié a ainsi été amené à évoquer ce qu’il définit comme “la coutume” propre au rugby, la troisième mi-temps, et les dérapages qu’elle peut parfois entraîner sous l’effet de l’alcool. “La question, c’est comment gérer la présence de l’alcool, at-il expliqué. Je crois qu’il faut faire appel à la conscience individuelle, celle qui, parfois, s’évapore, sous l’effet du groupe. Il faut inverser le modèle, ne pas être emporté par le groupe au coup de sifflet final quand, dans l’environnement dans lequel vous êtes dès l’après-match, il y a une réception avec de l’alcool. à gogo autour ?”
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Le sélectionneur tricolore déplore les événements de Mendoza, même s’il a tenté de les relativiser. ” Sûrement qu’il y a eu des abus dans le cadre de coutumes existantes, at-il cependant reconnu au sujet de l’alcool et des substances interdites. Mais pendant cinq ans, c’était quand même très bien contrôlé par les joueurs. Par les joueurs, pas par nous. (…) Mais il ne faut pas stigmatiser quelques moments sur cinq ans de vie commune, 52 matches, 80 semaines Il y a des moments de fragilité, c’est clair, et il faut avoir beaucoup. d’humilité là-dessus.”
Démissionner ? “Surtout pas”
C’est en partie pour cela que Galthié n’a pas chanté à démissionner dans la tourmente. “Surtout pas, at-il insisté. Évidemment que ça m’a touché, mais je ne peux pas rester touché. (…) Je ne me sens pas fragilisé. Dans ce type de mission, il ya des gros temps forts, et aussi des temps faibles. C’est là qu’il faut être bon et juste. Je n’ai pas pris de vacances cet été, justement parce que j’étais totalement engagé, et en pleine puissance, vers l’amélioration de notre. cadre de vie. Je n’ai jamais été aussi convaincu de mon engagement que lors de ce moment dans le local avec les deux joueurs et la police Ça peut paraître paradoxal, je sais.
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Il n’en a pas moins décidé de prendre le taureau par les cornes pour que ces dérapages ne se reproduisent plus à l’avenir. Galthié a ainsi présenté une charte aux 42 joueurs convoqués pour les test-matchs de novembre. Il en a détaillé le contenu. “Il y a trois points saillants dans la charte, at-il posé. D’abord le rapport à l’alcool. Sans autorisation, c’est interdit. Le point 2 concerne l’automédication. Tout doit être déclaré. Enfin, le troisième point interdit la présence dans notre lieu de vie de personnes étrangères, sauf autorisation. Tous ont dit oui.”
Dupont ? “C’est exceptionnel, ce qu’il a fait”
Tous, pas Antoine Dupont. La star des Bleus fait son retour au sein du groupe tricolore pour ce rassemblement de novembre après un an d’absence, et une médaille d’or olympique autour du cou. “Il a réussi tout son chemin, a salué Galthié. Il n’était pas seul car il a évolué dans des équipes mais ses choix, accompagnés par la Fédération et son club, ont tous été payants. C’est exceptionnel, ce qu’ il a fait. Il a mis de côté le projet quinze de France pour se focaliser sur Toulouse et le sept. Il a été champion de France et d’Europe avec son club puis champion du monde et champion olympique avec ses partenaires du 7.”
Galthié n’a pas souhaité indiquer son choix de redonner le capitanat à Dupont ou non. Concernant un éventuel changement de poste du Toulousain, le sélectionneur à son idée sur la question. “Je ne sais pas s’il a lui-même poussé sa réflexion, at-il avancé. Dans nos discussions, il ne m’a pas dit : ‘J’ai envie de me tester en 10 ou j’ai envie de jouer au centre.’ Il a toutes les qualités pour être un bon 10 puisqu’il domine le rapport de force et qu’il est juste dans ce qu’il fait. C’est aussi un phénomène défensif. sur sa position de demi de mêlée. C’est d’ailleurs une bonne idée, surtout pour une vision et une ambition à trois ans.
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