Le Président de la RDC, Félix Tshisekedi
D’abord défendu par son parti politique, l’UDPS, le projet de révision de la Constitution de la RDC a effectivement reçu la bénédiction de Félix Tshisekedi. Le Président congolais a clairement exprimé son intention à ce sujet au cours d’une réunion qu’il a tenu, mercredi, à Kisangani, chef-lieu de la province de la Tshopo. Comme on pouvait s’y attendre, l’opposition à dégainé, soutenue par une partie de la société civile.
« Notre Constitution n’est pas adaptée. Elle a été rédigée par des étrangers, à l’étranger. Il est temps d’élaborer une Constitution qui reflète nos véritables besoins ». Tels sont les propos lâchés, mercredi, depuis Kisangani par le Président Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo. Des propos qui, évidemment, ne pouvaient pas laisser la classe politique congolaise impassible. Tant cette question déchaîne les passions et suscite des inquiétudes lorsqu’elle est abordée. À tort ou à raison. Puisqu’en Afrique, la révision de la Constitution est trop souvent la porte ouverte à l’accompagnement du pouvoir par un Président animé par la volonté de sauter les verrous autour des mandats.
Et alors, l’opposition a réagi de manière forte. Parmi les nombreuses réactions, il y a celle de Moïse Katumbi, président du parti Ensemble pour la République et candidat à la dernière élection présidentielle remportée par Félix Tshisekedi.
Katumbi dénonce la trahison de Tshisekedi
Moïse Katumbi ne s’est pas contenté de la réaction du porte-parole de son parti, Me Hervé Diakiese. Bien que ce dernier ait déjà alerté sur l’intention du chef de l’État congolais de vouloir se présenter pour un troisième mandat, le chef d’Ensemble pour la République a tenu à placer son mot. « La Constitution ne changera pas. Elle a été approuvée par le peuple, et aujourd’hui, Félix Tshisekedi traite ce peuple comme des étrangers ? Ça ne m’étonne pas. Je crois que Félix Tshisekedi n’était pas prêt à diriger la RDC », lance Moïse Katumbi.
Et de poursuivre : « Après six ans au pouvoir, il n’est toujours pas prêt à diriger la RDC, et même si on lui laissait 30 ou 40 ans au pouvoir, il ne serait toujours pas prêt. Il n’y aura pas de changement de la Constitution, c’est de l’utopie. Le problème du Congo, c’est la mauvaise gouvernance, ce n’est pas la Constitution. Voyez-vous pourquoi le pouvoir s’acharne sur les opposants et toute autre voix discordante ? Félix Tshisekedi vient de commettre ce qu’on appelle trahison. Il a menti au peuple et il a trahi la confiance du peuple ».
Des acteurs de la société civile protestante
En dehors des acteurs politiques, des membres de la société civile ont également donné de la voix. C’est le cas du président de l’Association africaine de défense des droits de l’homme (ASADHO), Jean-Claude Katende, qui a déclaré : « En s’engageant de manière claire et précise pour le changement de la Constitution, en touchant même aux dispositions verrouillées, le président de la République sait que cela ne sera pas sans conséquence. Il s’engage sur un chemin à visibilité incertaine ». Puis il prodigue un conseil à ses compatriotes : « Mon conseil reste que nous devons nous opposer à une telle entreprise dont le mais final est de fragiliser le pays ». Le coordonnateur de la Nouvelle société civile congolaise, Jonas Tshiombela, estime pour sa part que le pays vit sous état de siège et ne connaît pas dans ces conditions modifier la Constitution.
Dans le propre camp du Président congolais, seul son parti, l’UDPS a déjà probablement pris position sur la question. Les autres partis de la coalition au pouvoir, l’Union sacrée de la nation, ne sont pas encore prononcés.