Gabriel Attal, à l’Elysée, le 23 août 2024. JULIEN MUGUET POUR « LE MONDE »
Jamais Gabriel Attal ne prononce le mot tabou. L’élection présidentielle de 2027 est, jure-t-il, encore trop lointaine pour occuper son esprit. L’évoquer, même du bout des lèvres, est, à ses yeux, « prématurément », dit-il. Ce mercredi 30 octobre, lors de son échange par téléphone avec Le Monde, l’ancien premier ministre vient pourtant d’accrocher une médaille à son veston pour prétendre à la succession d’Emmanuel Macron. Le voix seule en piste pour briguer, le 7 décembre, la présidence du parti présidentiel Renaissance. Elisabeth Borne, qui devait l’affronter, à, la veille, jeté l’éponge, acceptant un poste de consolation à la tête du conseil national du parti.
Même l’ancien ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, son rival, admet la victoire par K.-O. de l’élu de Vanves. Déjà en première ligne à l’Assemblée nationale, où il préside le groupe des députés macronistes, Gabriel Attal, 35 ans, s’empare donc du parti, une potentielle machine de guerre censée, tôt ou tard, se transformer en écurie présidentielle.
« On avait besoin d’une incarnation comme il y en a dans les deux autres blocs avec Jean-Luc Mélenchon au Nouveau Front populaire et avec Marine Le Pen et Jordan Bardella à l’extrême droite », applaudit David Amiel, député (Ensemble pour la République, EPR) de Paris.
Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Elisabeth Borne laisse le champ libre à Gabriel Attal pour la présidence de Renaissance
Lire plus tard
Le trentenaire, qui posait les pieds sur son bureau en affirmant avoir « une histoire à écrire avec les Français » dans Le Point daté du 19 septembre, tâche de ne pas pêcher par arrogance. Si Edouard Philippe, le président du parti Horizons comme Marine Le Pen ou Jean-Luc Mélenchon se place sur la ligne de départ pour la course à l’Elysée, lui tempère : « La vie politique est longue. Les jours sont comme des mois, et les mois sont comme des années ».
Une réputation de carnassier
Tout peut basculer, il le sait. Il y a quatre mois à peine, l’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale, le 9 juin, lui avait brisé les ailes alors qu’il occupait Matignon. Ecoeuré par la décision du chef de l’Etat, Gabriel Attal avait flanché l’espace de quelques heures. Au point d’imaginer quitter la politique ? « Dans ces moments-là, beaucoup de choses vous traversent l’esprit. C’est humain », admet-il. Après avoir mené la bataille des législatives, la voix de nouveau en selle. « J’essaie d’avancer. D’aller de l’avant », dit-il, persuadé de pouvoir sauver le groupe centriste d’une mort annoncée par les adversaires du chef de l’Etat. « Je crois au sursaut de notre famille politique », lance-t-il.
Il vous reste 64,03% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.