La Première ministre italienne Giorgia Meloni s’est rendue en Libye pour la quatrième fois depuis son entrée en fonction, soulignant la volonté de son gouvernement d’approfondir les liens stratégiques avec Tripoli et l’ensemble de l’Afrique du Nord, avec un accent mis sur la coopération économique et le contrôle de l’immigration.
Giorgia Meloni s’est exprimée sur les liens de son pays avec la Libye lors du Forum d’affaires Italie-Libye à Tripoli mardi 29 octobre.
« Il s’agit de mon quatrième déplacement en Libye depuis que j’ai pris mes fonctions, et de ma troisième cette année. Ces visites fréquentes témoignent d’une décision politique délibérée de la part de ce gouvernement », a déclaré la Première ministre italienne.
« Nous considérons notre relation avec la Libye comme une priorité pour l’Italie, une priorité pour l’Europe, et nous pensons que la coopération profonde entre nos nations n’a pas encore atteint son plein potentiel », a-t-elle ajouté.
Lors de son discours, Giorgia Meloni a annoncé la reprise des vols de la compagnie Ita Airways entre l’Italie et la Libye en janvier 2025, notant que « l’Italie est devenue la première nation occidentale à lever les restrictions de voyage d’affaires en Libye ».
Sa mission vise à revitaliser la coopération économique, s’attaquer à la gestion des migrations et promouvoir le plan Mattei, un cadre de partenariat avec les pays africains.
Le forum, le premier que l’Italie organise en Libye depuis plus de dix ans, réunit plus de 200 entreprises italiennes et marque une étape importante dans le renforcement de la coopération entre les deux pays.
Le ministre d’État libyen chargé des Affaires ministérielles, Adel Jumaa, a exprimé son espoir de voir le forum consolider la relation entre les deux pays, des accords étant attendus dans des secteurs clés tels que l’énergie, les infrastructures, la santé et l’agriculture.
En marge du forum, Giorgia Meloni rencontrera le Premier ministre libyen Abdel Hamid Dbeibah. Selon des sources italiennes, la coopération entre l’Italie et la Libye dépasse les questions économiques et s’étend à la gestion de l’immigration. L’Italie et la Libye souhaitent en effet promouvoir des « partenariats égaux » dans le cadre du plan Mattei, et renforcer les liens avec les pays africains impliqués dans les routes migratoires.
La Première ministre italienne a réitéré le soutien de l’Italie aux efforts de l’ONU visant à unifier les institutions libyennes par le biais d’un processus politique. Dans l’ensemble, l’approche du gouvernement italien s’est concentrée sur la coordination avec les pays de transit, tels que la Libye et la Tunisie, en encourageant leurs efforts pour bloquer les flux de migrants vers les côtes européennes.
Pourtant, la situation des migrants en Libye a été exprimée à maintes reprises, non seulement par les ONG, mais aussi par les Nations unies.
Les migrants et les réfugiés persistant de subir des violations graves et généralisées de leurs droits humains, telles que la « traite des êtres humains, la torture, le travail forcé, l’extorsion, la famine dans des conditions de détention intolérables », commises « à grande échelle, en toute impunité », dénonce un rapport du Haut Commissaire des Nations Unies aux droits de l’Homme, Volker Türk, publié en juillet.
Les accords signés par l’Italie — à commencer par le mémorandum d’entente sur la migration de 2017 — permettent un soutien technique et financier de l’Italie aux autorités libyennes, notamment pour faciliter l’interception de milliers de personnes qui tentent de traverser la Méditerranée pour rejoindre l’Italie, et leur retour forcé en Libye.
Depuis plusieurs années, l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) et le Haut Commissariat des Nations unis pour les réfugiés répètent qu’« aucune personne secourue en mer ne doit être renvoyée en Libye, qui n’est pas un port sûr ».
Cependant, le nombre de migrants arrivant aujourd’hui en Europe semble indiquer que ces accords commencent à porter leurs fruits.
La route de la Méditerranée centrale, principale voie de migration vers l’Italie, a connu une baisse « significative » du nombre de traversées au cours des derniers mois, soit une chute de 64 % entre janvier et juillet, pour atteindre 32 200 personnes, selon un rapport de l’agence Frontex.
L’agence des frontières de l’UE attribue cette baisse principalement aux mesures préventives prises par les autorités en Tunisie et en Libye pour démanteler les réseaux de passeurs, notant que les arrivées en provenance de ces deux pays représentent 95 % de tous les migrants signalés sur cette route.