GRAND ENTRETIEN – Dans Requiem pour « la Coloniale », co-écrit avec Jean de La Guérivière, le professeur en études africaines à l’université de Duke retrace l’histoire de l’armée française en Afrique à l’heure où elle se retire du continent.
LE FIGARO. – Après les départs forcés de l’armée française de Centrafrique en 2015, du Mali en 2022 et enfin du Burkina Faso et du Niger en 2023, est-ce une longue page d’histoire qui se tourne définitivement ?
Stéphane SMITH. – En effet, nous vivons l’épilogue de cent cinquante ans d’histoire. Leur fil rouge a été une longue équipée militaire, de la conquête à la retraite d’Afrique, d’où notre idée de la chroniquer à grands traits. Pendant un siècle et demi, la France s’est mise à la place de l’Afrique : elle a conquis une partie du continent, elle l’a occupée au nom du progrès qu’elle disait apporter, elle a gardé l’Afrique francophone pour le compte de l’Occident pendant la guerre froide et, même après, elle a maintenu son armée en sentinelle de sa « présence ».
Depuis les indépendances, cette présence a eu pour cadre institutionnel ce que l’anthropologue Jean-Pierre Dozon a appelé « l’État franco-africain ». Cet État, sans base juridique mais bien réel…
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