Le gouvernement français a réuni un Conseil de défense pour repenser sa présence en Afrique, à la fois sur le plan militaire et civil. L’objectif est de réévaluer la stratégie en adoptant une approche plus souple, moins centralisée, et adaptée aux besoins des pays hôtes. Le rapport de Jean-Marie Bockel, attendu prochainement, oriente cette transformation stratégique.
Afrique : une stratégie de coopération renforcée et flexible
Le Conseil de défense réuni par l’Élysée marque un tournant dans la politique militaire française en Afrique. L’accent est mis sur la coopération avec les États africains plutôt que sur une présence militaire directe. Cette nouvelle orientation fait suite au rapport de Jean-Marie Bockel, envoyé personnel du président Macron, qui a travaillé sur une redéfinition globale de la stratégie française en Afrique de l’Ouest. La décision clé de cette nouvelle approche est la réduction des bases militaires permanentes, comme celles de Libreville, Dakar ou Abidjan, qui cessent de fonctionner sous leur forme traditionnelle.
La philosophie derrière cette refonte vise à rendre les forces françaises plus discrètes et réactives. Au lieu de maintenir d’importants contingents en Afrique, la France adopte une structure flexible, basée sur des détachements temporaires et des entreprises partagées. Cette approche permet aux pays africains de prendre progressivement le contrôle des bases, avec un soutien limité de la France, réduit à environ 5.000 militaires déployés, répartis selon les besoins des opérations et des formations.
Une réponse aux défis modernes : agilité et réduction des tensions
L’objectif de la France est aussi d’adapter sa stratégie aux défis actuels, notamment les contestations locales et la désinformation concernant sa présence militaire. En priorité son empreinte, la France espère limiter les critiques tout en restant un partenaire fiable pour la sécurité régionale. Cette nouvelle configuration permet à la France de se retirer du rôle dominant qu’elle a joué pendant des décennies, et de donner plus d’autonomie aux forces locales.
Les détachements de liaison interarmées (DLIA), composés d’une centaine de militaires, deviennent le point central de ce dispositif. Ils supervisent des opérations ponctuelles et temporaires, en s’adaptant aux besoins spécifiques des partenaires africains. Cette flexibilité est perçue positivement, en particulier dans des pays comme la Côte d’Ivoire, où la présence française était parfois source de controverses. En alléguant sa présence, la France renforce sa légitimité et son rôle dans la formation et l’accompagnement sans être au premier plan des décisions militaires locales.