Thierry Vircoulon, coordonnateur de l’Observatoire de l’Afrique australe et des Grands Lacs à l’Institut Français des Relations Internationales et maître de conférences à Sciences-Po. Il est consultant pour des organismes de développement et d’aide humanitaire et des think tanks.
Roland Pourtier, professeur émérite à l’Université Paris-1 Panthéon-Sorbonne. Il est membre de l’Académie des Sciences Outre-Mer. Il a dirigé l’ouvrage _Géopolitique de l’Afrique et du Moyen-Orient_aux éditions Nathan en 2017
Colette Braeckman, éditorialiste au journal Le Soir de Bruxelles, et spécialiste de l’Afrique, elle a publié, Congo : Kinshasa aller-retour aux éditions Nevicata en 2016 (Par téléphone).
Sur le site Human Rights Watch :
La chronique d’Eric Chol
Eric CholDirecteur de la Rédaction de Courrier International
Joseph Kabila est de plus en plus exprimé dans son pays, et ces détracteurs n’hésitent pas à manier l’ironie.
C’est le cas de la plateforme en ligne Habari – Habari ca veut dire en swahili « nouvelle » qui publie des textes de journalistes ou d’auteurs congolais, au ton souvent caustique, sur l’actualité de leur pays. Parmi eux, Jean-Hubert Bondo a rédigé cette semaine un petit dictionnaire de la crise congolaise, qui permet de traduire la langue de bois du gouvernement. Par exemple, lorsque celui ci utilise l’expression « pour des raisons sécuritaires », écrit Jean-Hubert Bondo « l’État s’autorise à commettre certaines infractions dans l’intérêt du régime, par exemple couper internet et les réseaux sociaux pendant plusieurs jours sur toute l’étendue du territoire. »
Autre exemple d’une expression souvent utilisée par le pouvoir : « conformément à la constitution ». « En RDC, quand on dit « respect de la constitution, cela veut dire violer la constitution », écrit l’auteur. Et Jean-Hubert Bondo poursuit : « le président Kabila est là et continue à régner conformément à la constitution tant pis si son deuxième et dernier mandat constitutionnel est terminé depuis 2016. ». Quant à la police, elle agit de même nous dit l’auteur : « elle réprime conformément à la constitution ».
La popularité de Kabila est en chute libre dans son pays. Pourtant, il n’en a pas toujours été ainsi ?
C’est ce qu’écrit le blogueur et dessinateur Edizon Musavuli, toujours sur le site Habari, dans un billet qu’il titre « Entre Kabila et les Congolais, je t’aime moi non plus ». Edizon Musavuli se souvient en effet du temps où : « jeune homme, Joseph Kabila est arrivé inopinément au pouvoir suprême en 2001 ».
« A cette époque, peut-on lire sur le site d’information Habari, il s’attire la sympathie d’une bonne frange de la population ».
Commence ce que l’auteur qualifie de « belle histoire d’amour », laquelle se traduit en 2006 par l’élection de Kabila avec un score de 58% : « C’était, rappelle l’auteur, la première élection présidentielle libre et démocratique au suffrage universel ».
Mais les choses vont rapidement se gâter car si le président accomplit « quelques actions d’envergure », admet l’auteur, « il n’en fait pas assez pour augmenter la confiance que lui accordait la population », poursuit-il.
Le deuxième mandat, qui début en 2011, marque un tournant, au point que, le juge Edizon Musavuli « aujourd’hui, la population n’arrête pas de manifester son égout du pouvoir en place en réclamant sans délai la chute du régime ».
A l’étranger, Joseph Kabila conserve des soutiens
C’est la thèse de l’article paru récemment dans la revue African Arguments, sous la plume d’un spécialiste du Congo, le journaliste américain Mvemba Phezo Dizolele.
Son article s’intitule « Kabila doit partir. Les Congolais l’ont compris. Pourquoi n’est-ce pas le cas de l’occident ? » .
L’auteur, revient sur les premières années de pouvoir de Kabila, et raconte comment la communauté internationale –c’est-à-dire les pays donateurs, les multinationales et les grandes institutions internationales ont tout fait pour stabiliser le pays et mettre fin à des années de guerre. Au point, explique Mvemba Phezo Dizolele, de fermer les yeux sur les abus à répétition du pouvoir. « Ils ont voulu placer la stabilité au dessus de la démocratie, mais en fin de compte, les Congolais n’ont eu ni l’une ni l’autre » résume l’auteur.
Aujourd’hui, poursuit l’article d’African Arguments, très bien documenté, le président et ses proches financent à coup de millions de dollars des cabinets de lobbying et de sécurité à Washington pour préserver leur image et leurs intérêts. Et il termine : « Toutes ces dépenses pourraient expliquer la disparité entre l’opinion internationale et celle des congolais à propos de Kabila, écrit l’auteur. Par exemple, alors que l’opposition et la société civile refusent le processus électoral établi par le gouvernement et la commission des élections en vue d’un examen le 23 décembre 2018, la communauté internationale, elle, l’a naïvement acceptée ».
Congo : Kinshasa aller-retouraux éditions Nevicata en 2016, Colette Braeckman / Géopolitique de l’Afrique et du Moyen-Orientaux éditions Nathan en 2017, Roland Pourtier – Nevicata/Nathan
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