Le président français Emmanuel Macron a souligné l’urgence de repenser le modèle agricole de la région méditerranéenne, face aux défis croissants liés à la rareté de l’eau. Lors d’une rencontre organisée ce mercredi par le groupe OCP, sous le thème « Perspectives de coopération franco-marocaine pour la transition vers des systèmes agricoles et alimentaires durables en Afrique », Macron a déclaré que « l’Afrique fait face au défi de l’absence d’infrastructures avancées dans le secteur agricole ».
Dans ses remarques, Macron a mis en avant les difficultés de construction des chaînes de production durables au sein d’économies informelles. Il a noté que Paris s’efforce de surmonter ces obstacles grâce au Fonds international de développement agricole (FIDA), en collaboration avec les institutions locales. « Il s’agit essentiellement de mettre en place un système agricole de base dans chaque pays », a-t-il précisé.
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« Sans un tel système agricole de base, le capital et les acteurs les plus innovants se tourneront automatiquement vers les pays disposant de chaînes de production plus matures et structurées, car c’est pour eux le chemin de la rentabilité », at-il ajouté .
Le président français a également averti que « l’absence de coopération internationale rend impossible la recherche de solutions durables aux problèmes de l’eau et de l’irrigation ». Il a reconnu les nombreuses initiatives lancées pour le développement durable des chaînes de production, saluant la stratégie riche du groupe OCP et du Royaume du Maroc, qui se déploie déjà dans plusieurs pays.
« Il est crucial de réaliser un travail important pour construire des chaînes de production de plus en plus mûrit dans chaque pays, a insisté Macron. Grâce à des programmes tels que « FARM », et avec le soutien du FIDA ainsi que de plusieurs partenaires, nous avons amorcé cette démarche dans des pays comme le Cameroun et le Togo. Toutefois, il est nécessaire de systématiser cette approche à l’échelle du continent africain afin de créer des chaînes de production intégrées, générant des opportunités d’emploi et permettant de sortir de l’économie informelle », a ajouté le président de la République.
Selon Macron, ce défi est de taille, car « des millions d’Africains dépendent de l’agriculture de manière informelle, sans infrastructures avancées, rendant difficile l’accès au financement, ainsi que l’utilisation d’innovations pour améliorer les terres agricoles ». ».
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En conclusion, le président français a souligné l’importance des projets dépendant de plusieurs pays africains, du golfe de Guinée au Maroc, en passant par l’Éthiopie. « Ces projets constituant un modèle intégrant tous les enjeux de la lutte contre la désertification, la stabilisation des populations, la lutte contre la migration forcée, ainsi que les défis de stabilité sociale et de développement économique ».
De son côté, Mustapha Terrab, président-directeur général du groupe OCP, a mis en avant les efforts déployés pour encourager l’utilisation ciblée des nutriments agricoles. Il a insisté sur l’importance de continuer à développer des solutions personnalisées, adaptées à chaque type de culture et de sol.
Terrab a ajouté, lors de la même rencontre que « l’usage limité des engrais en Afrique freine encore les potentialités de production agricole. Cependant, l’expérience du groupe OCP sur le continent a démontré qu’une fertilisation optimale des sols, combinée à des pratiques agricoles responsables, contribue non seulement à augmenter la productivité, mais aussi à décarboner l’agriculture en favorisant la séquestration du carbone dans le sol ».