« Entre la France et le Maroc, c’est une histoire qui nous appartient, mais elle ouvre vers l’Europe et elle ouvre vers l’Afrique. Et je sais que c’est une vision que partage le roi Mohammed VI », a déclaré Emmanuel Macron au Parlement marocain mardi dernier. Le président français, dont la visite d’Etat de trois jours au Maroc s’achève ce mercredi, estime que ce qui se situe actuellement entre Paris et Rabat pourrait « inspirer » un partenariat renouvelé entre pays européens et africains, lequel passerait par l’ l’éducation, l’agriculture, les projets écologiques, le numérique et l’énergie.
« Une grande partie de notre futur se jouera en Afrique »
« Le dialogue entre nos continents peut ouvrir des chemins nouveaux. (…) Ce partenariat euro-africain est celui que nous voulons renforcer », at-il affirmé, avant d’ajouter : « Chacun sait et chacun voit que le continent africain est celui où une grande partie de notre futur se jouera. Et le Maroc affirme depuis longtemps sa vocation de plateforme, de chemin singulier (pour relier l’Europe à l’Afrique) ».
Cette visite d’Emmanuel Macron se veut historique après trois ans de brouille diplomatique entre le Maroc et la France. La hache de guerre a été enterrée le 30 juillet dernier lorsqu’à l’occasion de la Fête du Trône, le locataire de l’Elysée a reconnu la souveraineté marocaine sur le Sahara. Une réconciliation scellée par l’accueil en grandes pompes réservées lundi au chef de l’Etat français par le roi Mohammed VI, entre cérémonies officielles, défilé…
Au total, 22 accords de partenariat – représentant plus de 10 milliards d’euros d’investissements – ont été signés dans divers secteurs (ferroviaire, transition énergétique, aéronautique, agriculture, technologie, formation…) entre les grandes entreprises du royaume ( OCP, Marsa Maroc, ONCF…) et de France (Alstom, Safran, Engie, TotalEnergies…). Des domaines comme la culture sont également mis en avant dans cette visite d’Etat avec la présence d’artistes franco-marocains dans la délégation française et des contrats notamment dans les industries culturelles et créatives (ICC).
Depuis deux ans, l’Union européenne (UE) a renforcé son engagement aux côtés de l’Afrique avec la célèbre stratégie Global Gateway dont 50% des fonds – soit 150 milliards de dollars – sont dédiés au financement de projets dans divers secteurs sur le continent d’ici 2027. Un agenda particulièrement porté par la France pendant sa présidence de la Commission de l’UE en 2022, tentant de reconquérir les sociétés civiles africaines qui se montrent hostiles ces dernières années, notamment au Sahel. De son côté, la Banque européenne d’investissement (BEI), elle aussi, reste très tournée vers le continent, puisque « l’Afrique est à nouveau le premier bénéficiaire des investissements de la BEI en dehors de l’UE », accaparant plus de 40% des ressources, soit 8,33 milliards de dollars en 2023, comme l’explique récemment à La Tribune Afrique le vice-président Ambroise Fayolle.
Rabat augmente la force de frappe africaine en Europe
Le Maroc, pour sa part, se positionne clairement depuis plusieurs années comme « une porte d’entrée » vers le continent africain pour l’Occident. Le retour à l’Union africaine (UA) en 2017 avait également vocation à confirmer ce positionnement de Rabat, une orientation confortée par les projets déployés ces dernières années par les entreprises marocaines à travers le continent, mais aussi par les projets à venir comme celui-ci. du gazoduc Nigeria-Maroc. Dans son discours à la nation du 6 novembre 2022, le roi Mohammed VI soulignait le potentiel d’un tel projet dans les relations euro-africaines, affirmant qu’il y voit « un projet structurant promettant d’arrimer l’Afrique et l’ Europe ». Et parmi la pléthore d’accords signés avec la France durant ces trois jours de visite officielle, l’un d’eux portés par TotalEnergies vise la production de l’hydrogène vert et de l’ammoniac qui seront destinés au marché européen, au moment où Bruxelles cherche à accroître l’utilisation de ce type de carburant dans le cadre de sa transition énergétique. De quoi renforcer la force de frappe africaine sur les marchés européens à une ère cruciale de l’histoire de l’humanité, tenue – entre autres – par l’urgence climatique.