En septembre, le département américain du Travail des États-Unis a inscrit le cobalt congolais sur la liste des biens produits par le travail forcé ou le travail des enfants. Dans ce pays, premier producteur mondial de cobalt, cette mesure a fait réagir les autorités ainsi que la société civile, elles craignent que cette décision ne fasse fuir les investisseurs.
De notre correspondant à Lubumbashi,
En 2023, la RDC a produit 170 000 tonnes de cobalt, une production qui lui a permis de conserver sa position de leader mondial, mais pour combien de temps ? Joseph Dounia, acteur de la société civile basée à Goma, craint que la décision du département américain du Travail n’ait de lourdes conséquences économiques sur la RDC. « Toutes ces mesures, ces directives, ces sanctions contre le minerai congolais empêchent la création d’emplois et cela empêche les investisseurs de venir, alert-t-il. Parce que tout entrepreneur qui voudrait investir sur les minéraux congolais craindra d’être listé par les États-Unis et l’Union européenne. Et les États-Unis doivent laisser la RDC faire ses propres lois sur son minerai et sur ses richesses. »
Un avis que partage Shadrack Mukad, membre de la coalition Comprendre et Agir dans les mines industrielles et artisanales (Casmia). Toutefois, il est conscient que les multiples projets portant sur le travail des enfants dans les mines n’ont pas donné les résultats escomptés. « Les projets n’ont pas résolu la question de fond, qui est celle de la pauvreté ou la précarité des conditions de vie dans lesquelles se trouvent les ménages qui laissent les enfants aller sur les sites miniers », concède-t-il.
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Une décision qui « va peser sur les opinions publiques »
Depuis 2017, la plateforme Ne touche pas à mon cobalt affirme avoir mené différentes actions et même organisé une visite de terrain pour une délégation de l’OCDE afin d’éviter les sanctions sur le cobalt congolais. « C’est une alerte dont il faut tenir compte parce qu’elle va peser sur les opinions publiques américaines et européennes qui sont les consommateurs finaux de produits dans lesquels il y a du cobalt et du cuivre de la RDC. Il est temps que nous pourrions protéger davantage le cobalt qui est notre minéral stratégique », rencontré en avant Franck Fwamba, le directeur de la plate-forme.
De son côté, les autorités congolaises soutiennent que des efforts sont fournis pour améliorer la chaîne d’approvisionnement du cobalt. Le 30 septembre, lors du forum RDC-États-Unis, le ministre congolais du Commerce extérieur, Julien Paluku, a fait une mise au point. « 95 % du cobalt est exploité par des entreprises industrielles cotées en Bourse et reconnues au niveau international. L’exploitation artisanale ne représente que 5 % (des exploitations), et même cette exploitation artisanale n’est pas faite par les enfants », affirme le ministre.
Dans un communiqué publié en fin de semaine dernière, le porte-parole du gouvernement congolais dit regretter que cette décision ne tienne pas compte des avancées enregistrées et appelle les partenaires à intensifier leur soutien technique et financier.
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