C’est un film façonné par les aléas du temps. Autour du légendaire Mohamed Ali, Léon Gast fait revivre une époque que les moins de 20 ans n’ont pas connue, ne connaissent toujours pas, mais auront la chance de découvrir.
France Télévisions – Rédaction Culture
Publié le 30/10/2024 19:45
Temps de lecture : 4min Image du film “When We Were Kings” de Leon Gast, ici, le combat de boxe entre Mohamed Ali et George Foreman. (ARCHIVES DU 7EME ART)
Il ya cinquante ans jour pour jour, le 30 octobre 1974, la République démocratique du Congo (RDC) alors Zaïre, accueillait deux géants américains de la boxe anglaise pour un combat mythique : Mohamed Ali vs George Foreman pour le titre de champion du monde. When We Were Kings (1996), le documentaire de Léon Gast qui revient sur ce duel légendaire, retrouve les salles françaises mercredi 30 octobre 2024 dans une version numérique restaurée.
Organisé par le promoteur de légende Don King, le combat “Rumble in the jungle” est associé à trois jours de concert avec des artistes africains et afro-américains. Parmi eux, la Sud-Africaine Miriam Makeba et les Américains BB King et James Brown. Le combat de boxe est prévu le 25 septembre, mais il sera rapporté en octobre suite à une blessure à l’œil de Foreman. L’attente constitue la matière première de Léon Gast d’autant que Mohamed Ali est prolixe face aux journalistes. Son adversaire l’est beaucoup moins.
Dès les premières images, avec la voix de Mohamed Ali et une bande-son entraînante, c’est toute une époque qui se projette sur grand écran. Dans ce documentaire se concentre sur le boxeur américain, on retrouve la gouaille familière d’Ali qui ne cesse de rappeler combien il est “rapide”, sa manière à lui de conjurer son inquiétude face à un adversaire redoutable.
When We Were Kings, ce sont aussi les images de la vie politique mouvementée du jeune Zaïre indépendant, celles de la condition des Noirs aux États-Unis où la ségrégation prospère, ou encore celles de la relation des Afro-Américains avec le continent de leurs racines. Ici, les rétrouvailles se déroulent à Kinshasa, la capitale de la RDC, que l’on voit vivre sous la caméra de Gast. Le pneu documentaire aussi sa singularité de la place accordée à la musique, vécue comme un lien entre l’Afrique et sa diaspora.
Passé, présent et futur se mêlent dans ce documentaire auquel son auteur va consacrer deux décennies. En 1974, Leon Gast a enregistré plus de 150 heures de rushes. Sa rencontre avec le réalisateur et le producteur Taylor Hackford, qui est crédité comme co-réalisateur, va lui permettre une mise en perspective de l’événement grâce à de nouveaux témoignages, comme celui du cinéaste Spike Lee, et des archives. Le résultat final est touffu, vibrant et donne toute sa dimension à la figure héroïque de Mohamed Ali. When We Were Kings est présenté pour la première fois en 1996 au festival de Sundance. Il fait mouche.
En 1997, quand le documentaire décroche l’Oscar, la boucle ouverte le 30 octobre 1974 semble se référer. Léon Gast remercie alors tous ceux qui lui ont permis de faire le film, mais salue surtout “un grand homme”, Mohamed Ali. La salle se lève et applaudit la légende vivante, désormais diminuée par la maladie. Sur la scène, c’est son adversaire d’antan, George Foreman qui le soutient.
Mohamed Ali s’est éteint dix ans après la consécration du documentaire aux Oscars et Leon Gast est mort en 2021 à l’âge de 84 ans. Avec When We Were Kings, ils ont laissé une trace indélébile sur la pellicule de nos vies.
Affiche du documentaire “Quand nous étions rois”. (FILMS DE SPLENDEUR)
Genre : Documentaire
Réalisateur : Léon Gast
Distribution : Mohamed Ali, George Foreman, James Brown, BB King, Norman Mailer, George Plimpton, Spike Lee
Pays : États-Unis
Durée : 1h29
Sortie : 30 octobre 2024, version restaurée
Distributeur : Splendor Films
Synopsis : Kinshasa, 30 octobre 1974. Championnat du monde des poids lourds. Mohamed Ali, tenant du titre vieillissant, mais toujours flamboyant, figure emblématique du combat pour les droits civiques, est opposé à George Foreman, présenté comme l’avenir de la boxe. Ce combat de légende, organisé par le promoteur Don King, s’accompagne d’un concert réunissant une trentaine d’artistes africains et afro-américains.