Elle fait partie des entreprises françaises qui représentent un intérêt pour l’Afrique. Et qui, de fait, ont intégré la délégation officielle qui accompagne Emmanuel Macron lors de sa visite d’Etat au Maroc. Si les contrats signés par les grands groupes sont largement évoqués, il n’en reste pas moins que les start-up sont également au cœur des intérêts partagés entre les deux pays. A l’instar de l’entrée d’Innovx – véhicule d’investissement de l’OCP, l’Office chérifien des phosphates – au capital de NetZéro à hauteur de 7 millions d’euros. Ce tour de table est significatif pour l’entreprise française, basée à Paris et spécialiste du biochar, cette sorte de poudre de charbon végétal produite par pyrolyse à partie de résidus végétaux de l’agriculture. Le biochar qui présente surtout l’avantage de permettre l’extraction et la stabilisation du carbone, précisément au moment de la photosynthèse. Ensuite intégré dans les sols, il en améliore le rendement, entraînant le recours aux produits chimiques entrants et corrigeant leur acidité. Cette solution a d’ailleurs été reconnue par le GIEC pour son efficacité dans la séquestration du carbone, un sujet qui suscite actuellement beaucoup d’intérêt. D’ailleurs, parmi les co-fondateurs, outre Axel Reinaud, Aimé Nijakin, Olivier Reinaud et Pedro de Figuero, figure le climatologue, ancien vice-président du Groupe 1 du GIEC, Jean Jouzel.
Preuve de concept
L’intérêt d’Innovx est majeur alors que le biochar est une technologie qui a longtemps peiné à trouver son business-modèle, ainsi que le souligne lui-même Axel Reinaud. « Notre objectif est de trouver le bon modèle pour faire passer cette solution duale à grande échelle. C’est aujourd’hui la technologie dominante, avec 90 % des volumes de CO2 séquestrés ».
Le modèle choisi par NetZéro est d’intégrer l’ensemble des étapes, depuis la R&D sur les systèmes de production – « nous concevons le logiciel et le matériel » – sur le volet agricole et jusqu’à la construction des usines.
Après une première usine pilote au Cameroun pour faire la preuve du concept, la start-up, née en 2020, a déployé des usines automatisées au Brésil, deux étant en fonctionnement et deux en développement, une dizaine étant prévue l’année prochaine à l ‘international. « Nous souhaitons montrer que nous étions capables de développer des usines avec des paramètres de rentabilité qui nous permettent d’avoir du financement », indique Axel Reinaud.
Recherche de partenariats
En Afrique des études de faisabilité ont déjà été entamées. « Nous sommes sur un modèle où nous cherchons à croître rapidement. Pour cela nous devons accélérer en R&D ». Et qui dit R&D, dit besoin de carburant financier. Des tours de tables ont déjà été menés précédemment, d’abord auprès de business-angels puis auprès de grandes entreprises telles Stellantis, L’Oréal, CMA CGM (propriétaire de La Tribune Afrique, NDLR) et le fonds Stoa.
L’arrivée d’Innovx répond donc à la fois à la logique d’accélération et à la réponse que NetZéro apporte pour certains pays d’Afrique.
Fonds d’investissement de l’OCP, Innovx accompagne la stratégie de l’Office chérifien des phosphates, acteurs du monde agro-industriel, présent lui aussi en Afrique et en Amérique du Sud, les deux premiers pays où NetZéro a entamé son développement. Les synergies apparaissent évidentes. « Nous cherchons certes de l’argent, mais aussi des partenaires », précise Axel Reinaud. Des projets sont d’ailleurs en cours en Afrique de l’Est et de l’Ouest.
L’OCP c’est aussi l’Université Mohammed VI. L’UM6P qui est très bien placé en termes de R&D et si pour l’heure, aucun rapprochement n’a été acté, cela ne serait pas totalement inenvisageable.
Déploiement en franchise
Actuellement, NetZéro travaille à la seconde version de la technologie intégrée dans ses usines, « plus facile à installer, à opérer, à maintenir », ce qui en fait des « usines plus faciles à piloter que nous pouvons maintenir à distance ». Et ce qui lui permettra, dès 2025, de se développer en franchise. NetZéro, qui emploie 140 personnes, dont 6 salariés en France, avoue un chiffre d’affaires inférieur à 2 millions d’euros et table sur une centaine de millions d’euros à horizon 2030. « Nous voulons être leader sur un marché qui va se créer et qui est encore inexistant », appuie Axel Reinaud.