Lors de son dernier jour de visite officielle au Maroc, le président français Emmanuel Macron a assisté à une conférence à l’Université internationale de Rabat, où, avec Ismael Al-Wafi, directeur exécutif du CGR (Centre de recherche), il a discuté des solutions à apporter au dénominateur commun de la plupart des problèmes de l’Afrique : la sécurité alimentaire.
Lors de la conférence intitulée « Sécurité alimentaire : perspectives de coopération franco-marocaine pour une transition vers des systèmes agricoles et alimentaires durables en Afrique », des experts, des professeurs et des spécialistes ont abordé les besoins du continent face à deux de ses principales menaces. : le changement climatique et la sécurité alimentaire.
Selon Emmanuel Macron, « le rôle de cette coopération est de faciliter l’accès des marchés africains au reste du monde en renforçant la valorisation des produits locaux ». La nécessité de produire de plus en plus de nourriture pour répondre à la demande mondiale tout en maintenant la souveraineté agricole est une question que des personnalités telles que le professeur Taraf et Daniel Nahon ont particulièrement abordée au cours de la conférence.
Le roi du Maroc Mohamed VI (à droite) marche avec le président français Emmanuel Macron (à gauche) alors qu’ils accueillent les invités lors d’un dîner d’État au palais royal de Rabat, le 29 octobre 2024 – AFP/LUDOVIC MARIN
« Connaître le sol est extrêmement important. Le maintenir en bonne santé, c’est assurer la sécurité alimentaire à tout prix », a déclaré Daniel Nahon. « Le sol est aujourd’hui, et il faut le rappeler, la seule ressource naturelle qui ne soit pas renouvelable », at-il conclu.
Dans ce contexte, la compagnie nationale marocaine des phosphates, le groupe OCP, a annoncé une nouvelle plateforme pour soutenir le financement de programmes qui activent et encouragent l’utilisation de l’agriculture durable. En collaboration avec la Société financière internationale (SFI), avec laquelle il collabore depuis 2023, le groupe marocain entend apporter un soutien financier à l’ensemble de la chaîne du secteur agricole, de la production de semences à la recherche sur les sols.
Un véhicule transporte du phosphate non traité après avoir été abandonné sur une montagne dans une mine de phosphate de l’usine de Boucraa de l’Office national marocain des phosphates (OCP) située dans les provinces du sud, à 100 km au sud-ouest de la ville de Laâyoune – REUTERS/YOUSSEF BOULLAL
De même, les représentants d’Intercéréales ont souligné l’importance d’une coopération à long terme entre le Maroc et le reste de l’Afrique afin d’assurer la disponibilité d’une production durable en Afrique. Avec eux, le Crédit Agricole a mis l’accent sur sa vision du financement des petites entreprises pour maintenir la stabilité économique des agriculteurs africains.
Sébastien Abis, directeur du Club Déméter, a défendu la nécessité de renforcer la stratégie en faveur des protéines végétales et le développement de gammes durables sur le continent africain. Il a également souligné l’importance de s’associer à la lutte contre les problèmes de l’eau, du changement climatique et de l’environnement. En guise de soutien supplémentaire, les fondations Ardi et Tamwil ont manifesté lors de l’entretien leur intention de promouvoir l’agriculture durable.
Comprendre le fonctionnement des sols africains et leurs caractéristiques est d’une importance capitale. C’est pourquoi la coopération entre les mondes scientifiques et diplomatiques a été l’un des principaux points abordés. « Faire comprendre aux jeunes Africains que les décisions les plus importantes doivent être de nature politique et scientifique est fondamentale pour leur avenir », a déclaré Ismael Al-Wafi.
Promouvoir la nécessité de lutter contre la désertification et la perte de terres arables est une souffrance majeure. Selon Emmanuel Macron, il est primordial de mieux étudier la terre en améliorant les investissements dans la cartographie et la gestion de l’eau. « La recherche est une stratégie qui aidera le continent dans 10 à 15 ans ».
Les effets du changement climatique ont un impact direct sur la production agricole. Selon le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), avec une augmentation de 2°C, il y aura plus de 200 millions de personnes affamées supplémentaires. Si ce chiffre double, ce sont plus de 2 milliards de personnes qui pourraient être touchées, soit 1 personne sur 4.
Un moment d’Histoire.
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-Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) 30 octobre 2024
Enfin, Macron a mis l’accent sur le projet de la Grande Muraille Verte inauguré en 2007. « Le projet de la Grande Muraille Verte est un exemple concret de l’approche holistique dont nous avons parlé. Il permet à des femmes et des hommes de toutes les régions de sortir de l’économie informelle et de créer de la richesse et des opportunités. Il permet également de s’attaquer aux causes profondes des migrations, de l’instabilité et du terrorisme », at-il déclaré. « La Grande Muraille verte est un ensemble de projets et de solutions qui peuvent contribuer à relever ces défis complexes », a-t-il ajouté.
Le roi du Maroc Mohammed VI (G) accueille le président français Emmanuel Macron (C) et son épouse Brigitte Macron (D) à leur arrivée au palais royal pour un dîner d’État à Rabat, le 29 octobre 2024 – AFP/LUDOVIC MARIN
« Je tiens à souligner l’importance de la collaboration avec le Maroc pour atteindre ces objectifs dans les années à venir. Enfin, la région méditerranéenne est une zone critique où nous pouvons travailler ensemble pour promouvoir le développement durable et s’attaquer aux causes profondes de la migration et de l’instabilité », at-il conclu.
Sur la Méditerranée, Macron a souligné la nécessité de repenser le modèle agricole méditerranéen pour répondre au défi de la souveraineté alimentaire, assurant que la France souhaite être un partenaire à long terme de cette souveraineté, tant pour l’Europe que pour le continent africain.
« Je suis très impressionné par la stratégie du Maroc en termes d’adaptation de son modèle à travers des autoroutes de l’eau et des projets de dessalement urbain. Une stratégie très complète dont la France devrait s’inspirer », a déclaré le chef du gouvernement français.