C’était un sacré mercredi. Arthur Rinderknech a ouvert la voie avec une victoire sur Alex Michelsen (7-6, 7-6). Ugo Humbert s’y est engouffré en ne faisant qu’une bouché de Marcos Giron (6-3, 6-2). Arthur Fils a suivi le mouvement avec un succès maîtrisé contre Jan-Lennard Struff (6-3, 6-4). Et Adrian Mannarino s’est lui aussi invité au festin en venant à bout de Zizou Bergs (3-6, 6-2, 6-4). Giovanni Mpetshi Perricard est malheureusement resté à quai. Mais Arthur Cazaux a magnifiquement ponctué le festival en dominant Ben Shelton (6-3, 7-6) pour ajouter un cinquième représentant au contingent tricolore pour les 8es de finale du Rolex Paris Masters. Un record égalé.
Ce n’est que la troisième fois que le tennis français parvient à placer cinq joueurs en 8es de finale d’un Masters 1000. La première fois, c’était déjà à Bercy, il y a quinze ans. En 2009, Arnaud Clément, Gaël Monfils, Gilles Simon, Jo-Wilfried Tsonga et Julien Benneteau étaient parvenus à franchir le deuxième tour sur les courts parisiens. Puis il y avait eu Monte-Carlo en 2016, où Benoît Paire, Gilles Simon, Gaël Monfils, Lucas Pouille et Tsonga étaient présents en 8e de finale. Huit ans plus tard, le tennis tricolore a réédité sa meilleure performance pour sa tournée d’adieux à Bercy.
Une tendance bande dessinée en octobre
Une vraie bouffée d’oxygène dans un tournoi où Ugo Humbert avait été le seul à franchiser le premier tour l’an dernier, avant de s’incliner de justesse contre Alexander Zverev (6-4, 6-7, 7-6). Paris n’avait pas beaucoup plus réussi aux Français cette année. Corentin Moutet avait été le seul à atteindre les 8es de finale, à Roland-Garros comme aux Jeux Olympiques, sans aller plus loin. Alors, autant savourer ce retour en grâce. “C’est génial pour le tennis français, s’est exclamé Ugo Humbert. Plein de Français joue bien ici. Pour le public, c’est important. Ce n’est que positif. On a de super joueurs. Je ne suis pas surprise d’en voir autant au troisième tour.”
C’est vrai que la tendance était plutôt au regain de forme pour le tennis tricolore. Surtout en ce mois d’octobre. Il avait commencé par une finale 100% française entre Humbert et Fils sur le tournoi ATP 500 de Tokyo, une première sur le circuit depuis le duel entre Humbert et Paire à Auckland en 2020. Puis le titre de Giovanni Mpetshi Perricard la semaine passée sur l ‘ATP 500 de Bâle, son premier sur un tournoi de cette catégorie.
Des circonstances favorables
C’était forcément une source d’espoirs avant le rendez-vous de Bercy. Mais de là à imaginer un tel tir groupé, il restait un pas difficile à franchir. “Je trouve qu’Arthur Fils et Ugo Humbert ont vraiment un super niveau de jeu depuis quelques mois, soulignait cependant Mannarino après sa victoire contre Bergs. C’est presque logique qu’ils soient à ce stade-là. Pour des joueurs en dessous comme moi et Arthur Rinderknech, c’est une bonne surprise de se retrouver à ce stade-là.” Un constat qui s’impose aussi dans le cas d’Arthur Cazaux, plutôt discret sur le circuit depuis son 8e de finale à l’Open d’Australie.
Le Montpelliérain, repêché dans le tableau final après le forfait de Jannik Sinner, illustre assez bien la capacité des Français à tirer profit de certaines circonstances favorables dans ce tour. Notamment d’un tournoi rendu plus ouvert par l’absence de l’Italien, conjugué à celle de Novak Djokovic. “C’est un tournoi de fin d’année, il y a pas mal de retraits, a rappelé Mannarino. Il se passe souvent des choses un peu étonnantes, ici, à Bercy. Il y a parfois des tableaux qui s’ouvrent, il faut réussir à saisir ces occasions-là.”
Ce serait dommage de ne pas rêver
Le public les a bien poussés dans ce sens-là. Et il sera certainement encore plus chaud à l’heure de les retrouver jeudi. Le phénomène est trop rare pour ne pas être savouré à sa juste valeur. “C’est top pour le tennis français de retrouver de bons joueurs, je ne veux pas dire en fin de tournoi, mais en tout cas en milieu de semaine, ça n’arrivait plus ces derniers temps, a avancé Mannarino. Même si les les résultats en Coupe Davis sont très décevants, si on peut faire de bons résultats sur le court comme ça, c’est tant mieux.”
Les rendez-vous qui attendent les Tricolores en 8es sont alléchants. Mannarino a probablement le match le plus abordable face à Jordan Thompson, mais l’Australien est quand même dans le Top 30 (28e). Il y aura des rétrouvailles sulfureuses entre Fils et Alexander Zverev, qui avaient subi l’affront d’une défaite en finale face au Français cette année, chez lui, à Hambourg. Cazaux recroisera la route d’Holger Rune après l’avoir battu à l’Open d’Australie. Humbert va défier le favori, Carlos Alcaraz, numéro 2 mondial. Et Rinderknech sera opposé à Grigor Dimitrov, 9e mondial. Ce vendredi, il y aura du lourd sur la route des Français. Mais après ce mercredi historique, ce serait dommage de ne pas rêver.